mardi 7 septembre 2010

Que d'eau !

Singapour est une ville dépourvue de ressources naturelles : pas de matières premières, pas de pétrole et en particulier pas d'eau douce sous forme de nappes phréatiques. Alors, pour ne pas faire de l'or bleu un éventuel nerf de la guerre avec la soeur-ennemie qu'est la Malaisie, l'île s'est dotée des moyens nécessaires pour minimiser sa dépendance hydrique. Ses quatre sources d'approvisionnement en eau potable sont l'importation, la récupération de l'eau de pluie grâce à 15 réservoirs alimentés par les canaux et les fleuves, le recyclage des eaux usées (NEWater) et enfin la désalinisation de l'eau de mer.
Le 15ème et plus récent réservoir est le Marina Reservoir fermé par le Marina Barrage, au Sud de Singapour, créant ainsi une frontière entre les eaux douces de la Singapore River et de la Kallang River et l'eau salée de la Mer de Chine. Le Marina Barrage s'incrit dans une pluri-objectivité visant à fournir de l'eau aux Singapouriens assoiffés comme une alternative nettement plus ragoûtante que la Newater (vous boiriez l'eau de votre douche ou de vos toilettes, vous ?), à contrôler les crues soudaines et à offrir un lieu de vie attractif.
Ouvert au public, le Marina Barrage symbolise et présente au travers d'une exposition permanente à la communication très efficace (et c'est un euphémisme) tous les efforts réalisés et les résultats obtenus par le gouvernement singapourien pour tendre vers une autonomie en eau douce tout en mettant en œuvre le fameux "développement durable", sésame souvent galvaudé des appels à projets mais qui semble dans ce cas précis , plutôt bien exploité. En l'occurence et bien que je sois incapable de mesurer l'impact économique du Marina Barrage, certains effets environnementaux et sociaux concomittants à la recherche de l'indépendance hydrique semblent visuellement évidents :
- pour l'éducation de nos enfants, une galerie d'exposition très pédagogique expliquant tenants et aboutissants de la politique de l'Eau à Singapour (ne pas rater la maquette reconstituant le fonctionnement du barrage avec pluie et marées) ;
- pour la santé de la planète et celui du porte-monnaie du contribuable singapourien, un toit végétalisé contribue à la fraîcheur du bâtiment, des panneaux solaires fournissent l'énergie nécessaire à la galerie d'exposition et des panneaux incitant à ramasser ses déchets fleurissent en de multiples endroits ;
- pour le bien-être des citoyens (pouvant influer sur la réelection du gouvernement en place), une aire centrale où petits et grands s'ébattent dans des fontaines à la fraîcheur attractive, le sus-dit toit sur lequel pique-nique et cerf-volants sont les bienvenus et un plan d'eau où pratiquer divers sports nautiques.
Le tout se situe dans un bâtiment à l'architecture résolument moderne en forme de 9, ce chiffre symbolisant en chinois la longévité et augurant, pour les générations à venir, d'une production durable d'eau douce. On jouit du rez-de-chaussée ou du toit d'une très belle vue sur le Central Business District et sur le tout nouveau Marina Bay Sands, hotel monumental en forme de bâteau et équipé notamment d'une piscine de 150 m de long. De l'autre côté, c'est la mer constellée des incontournables porte-containers.
Tout au long de notre visite, rondement cornaqués par un guide à l'argumentaire bien rodé, démonstration nous a été faite de l'excellence singapourienne tant sur le plan de la scénographie que des présentations de projets réalisés ou en cours comme, par exemple, la future autoroute sous-marine de Singapour ! Malgré ce parti-pris courant à Singapour auquel les Français sont en général peu réceptifs et souvent dubitatifs, il faut bien admettre que le speech était instructif sans être rébarbatif. Pas sûr que les enfants aient tout compris mais après avoir passé une heure à jouer tout habillés dans les jets d'eau aléatoires de la cour centrale (avec retour en slip et culotte dans la voiture sans clim'), il est clair que l'enjeu d'amusement a été clairement atteint !

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