mercredi 17 octobre 2012

Baguettes ou fourchette ?

Des nouilles flottant dans un bouillon aromatique, un dumpling à la pâte glissante, un fried rice bien émietté, du poulet coupé certes mais avec ses os et pour toute arme : une paire de baguettes. A regarder nos amis asiatiques attraper à grande vitesse la cacahuète amuse-gueule ou manger sans que rien ne retombe avec fracas et embarras dans le bol (et accessoirement avec de magnifiques tâches sur votre chemise), cela semble facile de se nourrir avec ces instruments au design simplissime. Pourtant les novices (dont je ne fais presque plus partie) peuvent connaître de grands moments de solitude prépandiale. Que celui qui n'a jamais lâché dans une grande éclaboussure, sur la nappe ou son pantalon, son morceau de sweet and sour pork  me jette le premier dim sum si je mens ! S'il est toujours possible à Singapour de récupérer des couverts (mais jamais de couteau) en cas d'échec gastronomique avéré, il faut bien avouer que les Hokkien Mee n'ont pas le même goût dégustées des dents d'une fourchette ou de la pointe des baguettes !!! Une raison de plus pour se perfectionner dans la manipulation des chopsticks !!!
La baguette a l'ancienneté car nous, Occidentaux, en étions encore à manger avec nos doigts sales que les Chinois (vers -2000 av JC) utilisaient déjà des baguettes. La fourchette a quant à elle attendu le Moyen-Age pour apparaître et les 16-17 et 18e s. pour se répandre... Autant vous dire que ce ne devait pas être très élégant à la cour de François Ier ! Les premières baguettes étaient en bois ou en bambou avant que celles en ivoire, bronze, argent ou or ne fassent leur apparition. Celles en argent étaient utilisées par la royauté car elles étaient supposées changer de couleur en cas de contact avec du poison. Bien évidemment depuis, les baguettes en plastique, recyclables  à défaut d'être écologiques, se sont multipliées et ce sont elles que l'on retrouve dans la plupart des food-courts et des restaurants de Singapour. Les baguettes en bois, à usage unique, sont elles aussi monnaie courante et sachez qu'il est d'usage de les  frotter l'une contre l'autre avant de les utiliser pour en enlever les fibres résiduelles et parce que ce serait aussi une manière d'envisager un bon repas, ce qui ne peut qu'honorer votre hôte. Quelques usages sont en vigueur comme ne pas pointer ses baguettes vers un convive ce qui est extrêmement agressif ou planter ses baguettes dans le bol de riz, ce qui revient à symboliser des bâtons d'encens dans une urne et donc la prière faite aux morts.
Enfin, le ridicule ne tuant pas (j'en suis la preuve vivante en tant qu'utilisatrice de baguettes), je continue, sans l'ombre d'une fourchette, l'entraînement gustatif sans faillir entre le canard laqué de Yum Châ, les sashimis de Sushi Tei (oui, japonais, ça compte aussi) ou les garlic spinach de Din Tai Fung !!!

PS : avec les baguettes en bambou, petite dédicace spéciale à Peggy de Bambooh Lah qui décline cette matière sous toutes ses formes !!




2 commentaires:

  1. J'adore vraiment lire tes posts...c'est un régal!

    C'est en lisant ton billet que je réalise que je n'ai pas encore publié "mon objet en bambou du mois"...alors ta dédicace, en plus de me toucher, m'a fait sourire!!

    Pour garder la tête haute face aux sushis un peu trop imprégnés de sauce soja, il y a les pinces à sushis...en bambou, of course!

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  2. BAB Tatie des iles14 novembre 2012 à 04:42

    Salut ici tatie des iles
    J'ai un truc infaillible appris dans un restaurant japonais de Dubaï (eh oui! j'y suis pour rien) pour ceux et celles qui comme moi ont des mains qui ne s'adaptent pas aux baguettes (Non je n'ai pas 2 mains gauches)il suffit d'un elastique et un morceau de papier ou carton roulé vous prenez les baguettes que vous sortez de leur pochette et séparez, pas celles jolies comme des coeurs travaillées avec art qui finiront dans votre longue chevelure et vous feront ressembler à des geishas caucasiennes. Bref vous roulez votre bout de carton entre le haut des 2 baguettes que vous liez avec l'elastique. Et après il ne reste plus qu'à vous servir de vos baguettes avec une telle facilité que vos compagnons de tablée en seront verts de jalousie. C'est à ce prix seulement que je peux dignement aller manger dans un restaurant japonais sans me déshonorer à mon grand âge en étant la seule à demander une fourchette

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